Le bien-être sexuel, c’est quoi ?
Pourtant, tout n’est pas si simple. Sujet intime et tabou, le bien-être sexuel constitue un horizon facilement accessible pour certain·e·s tant il est évident, et inatteignable pour d’autres tant il est complexe. De nombreux obstacles se dressent souvent entre nous et cette plénitude : moralisation, pudeur, rapports de pouvoir souvent sexistes, désinformation, stéréotypes et normalisations qui nous maintiennent dans des rôles prédéfinis. Minuit Treize vous propose trois axes de réflexion dont tout le monde peut se saisir pour mieux comprendre cette notion délicate et sur quels principes concrets elle repose.
Se détacher des normes autour d’une sexualité “réussie”
C’est la pause-café. Votre collègue vous raconte qu’en ce moment, il/elle a une vie sexuelle débordante, pleine de rencontres excitantes et de nouvelles expériences. Pour vous à l’inverse, c’est le calme plat. Ça fait longtemps que vous n’avez pas rencontré quelqu’un qui vous plaît, quelqu’un avec qui vous auriez envie d’aller plus loin. En même temps, vous n'êtes pas particulièrement en demande. Et pourtant, vous vous mordez la joue : Suis-je bien normal·e ? La réponse est : OUI ! L’épanouissement sexuel, ce n’est pas une question de quantité.
De façon générale, quand on se compare aux autres, c’est mal parti. Et en matière de sexualité, le fait de se mesurer peut vite dériver en drame psychologique en trois actes, entre sentiment d’infériorité, de culpabilité, voire de jalousie. Souvent, et notamment en couple, les questions de la performance et de la fréquence prennent le dessus sur le désir et le plaisir. Et pourtant, il n’y a pas de modèle unique ! Votre sexualité ne doit pas être dépendante de celle des autres : ça n’est pas parce que votre voisin.e a une vie sexuelle plus intense qu’il/elle est plus heureux.se.
L’expression de soi : un ingrédient indispensable
Comme le disait si bien la chanteuse Cher dans les années 1980 : “ A man is absolutely not a necessity. (...) I think men are the coolest. But you don’t really need them to live “. Que les choses soient limpides : il n’est absolument pas nécessaire d’être en couple pour toucher du doigt l’épanouissement sexuel. Car ce qui compte après tout, c’est bien d’honorer votre individualité ! Autrement dit, cultiver votre érotisme et votre capacité à exprimer la réalité de votre plaisir participe à votre épanouissement sexuel.
Et la bonne nouvelle, c’est que vous pouvez y répondre en vous ouvrant à une multiplicité d’expériences. Vous avez envie de passer un moment d’exception en tête à tête avec un sextoy en verre ? Vous avez envie de tenter une expérience BDSM à plusieur·e·s ? Vous avez envie d’avoir un rapport sexuel tout doux avec votre/vos partenaire.s sans pénétration ? Vous avez envie de déguster une bonne tasse de thé chaud en écoutant un podcast érotique ? Tous ces désirs sont valides et vous pouvez vous les accorder sans tabou ni compromis.
De la nécessité de s’informer et d’interroger son/ses partenaires
Comment procurer du plaisir à l’autre si on n’est pas initié à la santé et à la responsabilité ? Sur ce terrain, deux volets essentiels : l’éducation à la protection (contraception féminine et masculine, IST, VIH) et l’éducation au consentement. Tout le monde peut s’emparer de la notion de consentement (hétéros, trans, bi ou homo) à trois niveaux :
- demander : est ce que tu aimerais ? Qu’en penses-tu ? Comment tu te sens ?
- exprimer : je veux / je ne veux pas, j’aime / je n’aime pas, j’accepte / je refuse
- recevoir : je respecte ton choix, quoi qu’il advienne !
Le consentement en couple est encore très marqué par la représentation hétéronormée, où une personne propose et l’autre dispose. Pour les couples en général, ce sont aussi les normes de performance, de pénétration et d’orgasme qui accompagnent l’idée qu’on se fait du bien-être sexuel. Pourtant, être en couple ne veut pas forcément dire que toute relation sexuelle est désirée et bien vécue par les deux personnes. On ne le rappellera jamais assez : la sexualité doit être une source de plaisir libre de toute coercition, discrimination ou violence.
Par ailleurs, comment exprimer son désir si on n’est pas sensibilisé à l’exploration, au décloisonnement de la pensée sexuelle et du discours ? Par exemple, il est encore rare et tabou de parler ouvertement de ses plaisirs solitaires. Pourtant, le mieux serait de pouvoir apprendre comment fonctionne notre corps, notamment en lisant de la littérature érotique, et en pouvant se renseigner sur la meilleure manière d’utiliser et de nettoyer ses sextoys.
Si vous vous posez des questions, n’hésitez pas à consulter les émissions de l’association SexySoucis sur france.tv. Diane Saint-Réquier, éducatrice et formatrice en santé sexuelle, y répond en vidéo à plein de questions inclusives et totalement décomplexées liées au sexe !